maîtrise des chaleurs
3.1. Effet bélier
Lorsque, après une séparation d’une durée au moins égale à un mois, des béliers sont introduits dans un troupeau de brebis en inactivité ovulatoire, une grande partie des femelles ovulent dans les 2 à 4 jours qui suivent. Ce premier moment d’ovulation est silencieux. Il peut être suivi directement, environ 17 jours plus tard (la durée d’un cycle normal chez la brebis), d’un second moment d’ovulation généralement associé à un comportement de chaleur. Cependant, dans certains cas dont la fréquence est variable, ce premier moment d’ovulation est suivi d’un cycle ovulatoire de durée courte mais relativement constante (environ 6 jours) puis d’un nouveau moment d’ovulation généralement silencieux également. Ce n’est qu’après un deuxième cycle ovulatoire de durée normale qu’apparaissent alors oestrus et ovulation. Ainsi, dans un troupeau de femelles en anoestrus dans lequel l’effet mâle est pratiqué avec succès, il existe deux pics d’apparition des chaleurs, respectivement 18-20 jours et 24-26 jours après introduction des béliers. En fait, compte tenu de la variabilité de la durée des cycles sexuels (15 à 19 jours), la plupart des brebis seront saillies au cours de la seconde quinzaine de lutte avec une bonne synchronisation. La proportion des brebis répondant à l’effet mâle et le pourcentage d’entre elles ayant un cycle ovulatoire de courte durée (donc deux moments d’ovulation silencieux) sont fonction de l’intensité de l’anoestrus. Si le repos sexuel, ou anoestrus, est intense (ou profond), peu de brebis ovulent en réponse à l’introduction des béliers dans le troupeau et la plupart de celles qui ovulent ont deux moments d’ovulation silencieux successifs (à un intervalle de 6 jours) avant l’ovulation associée à une chaleur. Au contraire, en cas d’anoestrus moins marqué (des femelles sont donc déjà spontanément ovulatoires), la proportion de brebis ovulant en réponse à l’introduction des béliers sera élevée et les cycles ovulatoires de courte durée seront peu nombreux. Des retours en chaleur chez les femelles non gravides sont généralement observés, sauf si l’intensité de l’anoestrus au moment de ces éventuels retours en chaleur est forte. (Thimonier et al., 2000).
3.1.1. Facteurs conditionnant la réussite de l’effet bélier
- Le moment de son application
Il doit être fait durant le mois qui précède le retour en cycle des brebis. Avant, l’anoestrus étant trop profond, peu de brebis répondent à la technique. Après, les brebis étant déjà en cycle, l’introduction du bélier n’a plus aucun effet de synchronisation des cycles.
Le moment où il doit être fait dépend de la race et de la souche détenue. Prendre pour référence de sortie d’anoestrus la date des premières mises bas des années antérieures est le meilleure principe.
- L’âge des femelles
Les agnelles et les antenaises ont un anoestrus plus intense que les brebis et répondent moins bien à l’effet bélier : davantage de deuxième ovulation silencieuse ou échec de l’effet bélier.
- La date du tarissement des femelles :
L’anoestrus des femelles est d’autant plus intense qu’elles ont été taries tardivement par rapport à la pratique de l’effet bélier. Respecter une période de 2 mois de repos est à conseiller.
- Le passé alimentaire des brebis
Toute période de sous alimentation des brebis, même de faible durée, durant les deux mois qui précèdent la pratique de l’effet bélier est préjudiciable à sa réussite car elle intensifie l’état d’anoestrus. Un flushing effectué après un période de sous alimentation ne permet de récupérer la situation et d’atteindre le taux de réussite obtenu avec des animaux alimentés correctement de façon constante (Vandiest, 2003).
3.2. Traitements hormonaux
Pour contrôler la reproduction chez la brebis, il est important de bien maîtriser le moment d’ovulation afin de réaliser l’insémination artificielle (IA) ou la monte naturelle à un moment prédéterminé sans avoir à détecter les chaleurs. La maîtrise hormonale du cycle sexuel est basée sur l’association d’un blocage du développement folliculaire et de l’ovulation par la progestérone avec l’administration de gonadotropines stimulant la croissance terminale des follicules à la fin de cette période de blocage (Cognié, 1988). Deux méthodes permettent de modifier le cycle sexuel des brebis : les éponges intravaginales et l'acétate de mélengestrol (MGA).
3.2.1. Éponges intra vaginales :
Une éponge imprégnée de progestagène est insérée dans le vagin pendant 12-14 jours. Au moment du retrait de l'éponge, on administre à la brebis de la gonadotropine sérique (PMSG). Le bélier est introduit parmi les femelles 24 heures après le retrait des éponges alors que la plupart des brebis sont normalement en chaleurs. Toutes les brebis doivent être en chaleurs après 48 heures. L'efficacité de la méthode de l'éponge varie d'une ferme à l'autre et d'une saison à l'autre. Il y a des risques d'infection vaginale ou de blessures si l'opérateur n'est pas délicat et si le matériel utilisé n'est pas assaini convenablement. La méthode de l'éponge n'est pas recommandée pour les brebis primipares (agnelles), surtout en raison du risque de blessures. C'est une méthode qui convient surtout à la synchronisation de l'oestrus en vue de l'insémination artificielle (IA), étant donné que le moment de l'ovulation peut ainsi être prévu avec plus de précision. Selon les producteurs, l'efficacité du traitement varie de 8 à 85 %. En moyenne, il amène un agnelage en contre-saison chez 50 à 60 % des brebis. La méthode de l'éponge ne donne qu'un seul oestrus synchronisé. Il n'est pas normal que les brebis traitées avec l'éponge présentent un second cycle en contre-saison. (Kennedy, 2002).
3.2.2. L'acétate de mélengestrol (MGA) L'acétate de mélengestrol est un additif alimentaire, il est couramment utilisé dans les rations des génisses en parcs d'engraissement pour empêcher l'oestrus. Comme ce produit n'est pas homologué pour une utilisation chez les ovins, il doit être prescrit par un vétérinaire.
Le MGA est administré par voie orale à raison de 0,125 mg, deux fois par jour pendant 12-16 jours. Le MGA peut être formulé comme supplément destiné aux brebis ou intégré à la ration complète. Les deux doses doivent être administrées selon un intervalle le plus rapproché possible de 12 heures. Il est important de garder les taux d'hormone dans le sang le plus stables possibles. Comme avec les éponges, le traitement est suivi de l'administration de PMSG 5-10 heures après la dernière dose de MGA. Il est crucial d'administrer le MGA et la PMSG au bon moment si l'on veut que le traitement soit efficace. Les chaleurs apparaissent 2-2 ½ jours après la dernière dose de MGA. On introduit donc le bélier après 48 heures. Comme pour la méthode de l'éponge, le MGA donne des résultats très variables, la fourchette d'efficacité étant de 10-85 %. L'efficacité moyenne correspond à la même fourchette que celle qu'on obtient avec la méthode de l'éponge, c.-à-d. de l'ordre de 50 à 60 % (Kennedy, 2002).
3.3. Traitement de la lumière et de la mélatonine
Les races ovines originaires des latitudes tempérées présentent des variations saisonnières de leur activité sexuelle qui sont contrôlées par les fluctuations annuelles de la durée du jour. Les jours courts stimulent l’activité de reproduction alors que les jours longs ont une influence opposée. Des états réfractaires à la photopériode se développent et ces effets stimulants et inhibiteurs ne sont que temporaires. Une alternance entre jours longs et jours courts est donc nécessaire pour maintenir un état de sensibilité à la photopériode. Les jours longs peuvent être remplacés par un éclairement nocturne 15 à 16 heures après l’aube et les jours courts par la pose d’un implant de mélatonine. Le traitement de brebis ou de chèvres avec un implant de mélatonine au printemps permet d’avancer la saison sexuelle. Ce traitement est particulièrement efficace chez les races les moins saisonnées. Une activité sexuelle à contre-saison peut être obtenue en exposant les animaux à des jours longs pendant l’hiver et en les traitant ensuite avec un implant de mélatonine. Ce traitement permet d’induire au printemps des ovulations et un comportement d’œstrus chez la chèvre laitière. La fécondité est alors comparable à celle observée pendant la saison sexuelle. Chez le bélier, ce traitement « jours longs »-mélatonine entraîne une avance de la puberté ainsi qu’une augmentation de la production spermatique en contre-saison chez l’adulte. L’induction d’une activité sexuelle permanente peut être obtenue chez le bélier et le bouc par l’exposition à une alternance rapide entre 1 mois de jours longs et 1 mois de jours courts (ou 2 mois de chaque photopériode chez le bouc). Ces mâles produisent alors un nombre élevé de doses de semence pour I’insémination artificielle pendant toute I’ année sans variation de qualité, ni de fertilité. Une amélioration des traitements actuellement disponibles avec en particulier une diminution de leurs effets secondaires peut être envisagée grâce aux progrès récents dans la connaissance des mécanismes neuroendocriniens et du déterminisme génétique du saisonnement.
(Malpaux et al., 1995)
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