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Organisation de l’agnelage
L'élevage extensif prévoit peu d'installations pour l'agnelage. La brebis choisit alors elle-même l'endroit pour mettre bas et n'a généralement pas besoin d'aide. En surveillant les brebis, il y a moyen d'identifier celles qui souffrent de dystocie.
En élevage intensif, le berger contrôle de beaucoup plus près les conditions d'agnelage. Dans certains systèmes, toutes les brebis venant de mettre bas sont placées dans une case individuelle, alors que dans d'autres, seules sont isolées celles qui ont des problèmes. Dans les deux cas, les cases doivent se trouver dans un endroit protégé (à l'abri de la pluie, du soleil, des tempêtes de sable, etc.), et à l'écart des gens bruyants ou des chiens.
La litière recouvrant le sol de la case est un élément à ne pas négliger. Elle doit être propre car une litière souillée transmet des maladies d'un occupant à l'autre. La paille est souvent utilisée comme litière, bien que les agneaux éprouvent des difficultés à marcher sur les longs brins. La sciure de bois n'est pas recommandée: comme elle adhère à l'agneau, la brebis en avale en léchant celui-ci. Des cases d'agnelage placées sur l'herbe conviennent bien si elles sont déplacées après chaque occupation.
Les primipares nécessitent davantage de soins que les brebis adultes: leur petite taille les prédispose en effet à la dystocie. Par ailleurs, elles manquent d'expérience et mettent parfois du temps à lécher l'agneau et à l'encourager à se lever et à téter. Dans des cas extrêmes, une brebis primipare peut même abandonner un ou plusieurs agneaux nouveau-nés.
(Gatenby, 1991).
Soins à donner à l'agneau nouveau-né
1. Réanimation.
Souvent l'agneau qui vient de naître, tout en étant normalement constitué, paraît sans vie.
Dans ce cas, le coeur bat et tout ce qu'il faut c'est déclencher la première respiration.
La première chose à faire est de dégager les voies respiratoires des membranes placentaires. La pharmacie vétérinaire était bien pourvue en substances stimulatrices de la respiration (quelques gouttes sur la langue suffisant pour faire apparaître le premier souffle. Souffler dans la bouche, chatouiller les narines ou l'intérieur des oreilles avec une paille, verser de l'eau froide sur la tête ou dans une oreille permettent souvent de stimuler ce réflexe. Mais la technique la plus efficace consiste à faire tourner à bout de bras l'agneau plusieurs fois en le maintenant par les postérieurs tête en bas : cela augmente l'apport vers le cerveau de sang riche en CO2, ce qui stimule les centres respiratoires et a l'avantage de permettre l'évacuation du liquide que l'agneau a pu accumuler au niveau de ses voies respiratoires. (Wergifosse , 2003)
2. Cordon ombilical.
En général le cordon se rompt de lui-même. On le désinfecte (solution iodée, bombe antibiotique ou antiseptique) et lorsqu'il est trop long, on le sectionne à 10-15 cm (pas moins afin d'éviter les infections). Une section nette avec un instrument tranchant peut parfois provoquer des saignements, il faut donc toujours prévoir un fil non tressé stérile pour faire une ligature. L'étirement du cordon, quant à lui, provoque une hémostase par rétraction des vaisseaux ombilicaux. Un cordon trop court ne sera pas aussi efficace pour empêcher l'envahissement par des germes; dans ce cas une ligature peut aider à faire barrière. Parfois il arrive que le cordon se casse à sa base au niveau de l'abdomen lorsque l'on a tiré de façon brutale sur l'agneau lors de sa sortie. Il faut alors juguler l'hémorragie éventuelle en comprimant fortement et en plaçant un point de suture sur la cicatrice ombilicale. Il faut la suturer même s'il n'y a pas hémorragie lorsqu'elle est béante afin d'éviter une contamination par des germes. (Wergifosse 2003)
3. Séchage et réchauffement
L'idéal est de laisser à la mère le soin de sécher l'agneau en le léchant car cela permet de renforcer les liens entre eux. Dans certains cas, la brebis n'est pas très efficace et si la température ambiante est basse, on peut aider au séchage en frictionnant l'agneau avec de la paille propre; cela donne de la vigueur à bien des agneaux apathiques et tremblants. (Wergifosse 2003)
4. L'adoption
L'adoption consiste à transférer un agneau de sa mère naturelle à une autre brebis, qui l'élève comme son propre jeune. Elle n'est pas facile chez le mouton, car la brebis repère très facilement ses propres jeunes au milieu de tous les autres et rejette normalement un agneau étranger, sauf si on parvient à la persuader que c'est le sien.
L'adoption est envisagée dans les cas suivants:
- une brebis meurt et laisse un agneau qui devra être nourri au biberon s'il ne trouve pas d'autre mère; si une brebis perd tous ses jeunes agneaux et qu'une autre doit s'occuper de triplés, un des triplés peut être adopté par la première brebis. Un nouveau-né adopté par une brebis ayant mis bas plus d'un jour auparavant doit téter soit sa propre mère, soit une autre qui vient juste de mettre bas, pour recevoir du colostrum.
Comme la brebis reconnaît son agneau à l'odeur, elle peut être amenée à penser qu'un agneau qui porte son odeur est à elle. Si elle a mis bas il y a peu de temps (et que les agneaux sont morts), l'agneau à adopter est frotté avec le placenta ou avec le corps de l'un des agneaux morts. Il est ensuite placé devant la brebis pour qu'elle le lèche. Comme la mère s'attend d'instinct à avoir un agneau chancelant, il est conseillé, si l'agneau est déjà agile, de lui passer un cordon lâche autour des pattes pendant une dizaine de minutes pour que son comportement soit comparable à celui d'un nouveau-né.
Si un agneau meurt alors que le lien avec sa mère est déjà établi, l'agneau mort est écorché et sa peau fixée sur le dos de l'agneau à adopter. Cette méthode prend du temps; pour essayer d'aller plus vite, le berger utilise parfois un aérosol commercial dont il asperge le nez de la brebis et l'agneau: l'odeur dégagée est tellement forte qu'elle empêche la brebis de remarquer que l'agneau adopté n'est pas le sien.
Il est parfois utile de mettre un chien dans le champ de vision de la brebis qui a reçu un agneau à adopter: instinctivement, elle cherche à protéger l'agneau, le lèche et lui permet de téter.
Malgré les mesures prises pour l'encourager à accepter l'agneau étranger, la brebis peut être réticente à la tétée et rejeter le jeune à coups de tête. Dans ce cas, la brebis doit être maintenue; il suffit parfois d'attacher sa tête pour qu'elle ne puisse plus donner de coups, et de contrôler régulièrement l'allaitement.
Le problème de la contention de la brebis peut être résolu en plaçant celle-ci dans une case d'adoption, où elle reste dans une position plus ou moins fixe, bien qu'elle puisse se lever et se coucher facilement. La tête est maintenue pour qu'elle ne puisse ni sentir l'agneau ni le rejeter. L'agneau peut téter quand la brebis est debout, et passer au-delà de barres protectrices pour éviter d'être écrasé quand elle se couche. La brebis et l'agneau adopté doivent rester dans cette case d'adoption pendant environ deux jours, au bout desquels la brebis s'est habituée à l'agneau. (Gatenby, 1991).
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